28 octobre 2015
La mort du père...
Ta façon de me tenir le bras me procura une vive émotion. C’était toute une vie qui s’accrochait à moi. Je me suis senti soudain responsable comme jamais je ne l’avais été. Je n’étais qu’un enfant, il y a encore un instant, et cette main agrippée à mon bras, crispée sur mon vêtement, cette main sur laquelle je posais la mienne, comme je l’aurais posée sur l’un de mes enfants, me transmettait la vie, la conscience écorchée de la vie, de la vie qui s’éloigne et qui meurt, de cette réalité à laquelle nous sommes si étrangers tant que nos parents sont encore là, bien vivants sous nos yeux innocents.
Je devenais un homme en acceptant soudain la réalité de ma propre mort.
Comment peut-on dire au revoir à son père, quand on sait qu’on ne le reverra peut être plus...?
Je me suis penché vers toi. Je t’ai embrassé. Tu m’as embrassé. Je voulais te serrer dans mes bras, t’embrasser encore. Je voulais te donner un peu de courage et c’est toi qui m’en donnais.
Tu m’as regardé avec confiance. Un regard d’homme qui ne faiblit pas.
Ne pas montrer son inquiétude, son désarroi.
J’ai épousé ton regard.
( “ A hauteur d’homme “ de Christophe Malavoy )
C'était à l'hôpital, la veille de sa mort. Sortant de la léthargie où le plongeait la morphine, il me reconnut à son chevet où je me tenais avec ma femme. L'infirmière entra...
Alors, sans se frotter les mains, il ne le pouvait plus, il prononça, les yeux pleins de fierté et d'amour son ultime aveu :
C'est mon gars ! C'est mon gars !
Ce furent, je crois, ses dernières paroles.
( " C'était un temps béni... " de Gerald Veret )
Photo de Michaela Rehle/Agence Reuters
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