la Deudeuche...

 

                               Avec son minois de batracien haut sur pattes, sa modestie, la  deudeuche aura incarné l'évasion à la bonne franquette en un moment de l'Histoire où la France à nouveau se sentait jeune.

Ce n'était pas une vraie voiture; plutôt une bonne copine.

La mienne était d'occasion, peinte en blanc et cabossée de partout.

Ce cadeau de mon père aura contribué à prolonger la durée de mes études car, la sachant à ma botte, j'avais des envies de ballades, à deux de préférence ou avec des copains.

Elle n'aimait pas les rares autoroutes et dans les côtes elle émettait des râles de poitrinaire.

La disposition du levier pour changer les vitesses rendait le flirt incommode; l'armature metallique des sièges avant n'arrangeait rien.

Comme je l'ai aimée, ma vieille rossinante ! 

Vieille par son état civil, plaies ouvertes, mais si jeune de tempérament.

Elle connaissait la France sur le bout du coeur. Du mien.

A quelques départements près, nous avons écumé le pays de part en part, avec des escales dans les bars, les églises, les stades.

Elle m'attendait gentiment et, si j'étais ivre, elle décrétait toute seule la route à prendre. Ou bien s'arrêtait pour me laisser dormir.

Avant elle, il y eut un Solex, puis une Mobylette.

Après des voitures.

Elles sont faites pour se déplacer, ou pour frimer.

Rien à voir avec mon adorable deudeuche, humble et souriante complice d'un besoin d'évasion assez frénétique.

" Ciel, amour, liberté !  "

La fuite sur des lacets de bitume, loin des villes, loin des facs -- et, si le soleil brillait dans le ciel, j'ouvrais le toit, le vent se mettait dans les voiles, je braillais un tube de l'été.

Nous étions libres, elle et moi.

En ce temps-là on twistait l'avenir en espérant ne pas chuter trop vite dans l'âge adulte. La deudeuche n'était pas adulte comme ses grandes soeurs de Citroën déjà mariées et installées, la DS et l'ID. Elle n'était pas formatée comme la Coccinelle de mes copains raisonnables. Pas snobinarde comme la MG de mes copains friqués. 

Elle était sympa et désinvolte, sans le souci de connoter ceci ou cela.

En quoi elle ressemblait aux filles qui me plaisaient, à la vie que j'avais envie de mener, à la France que j'avais tendance à rêver.

        ( " Dictionnaire amoureux de la France " de Denis Tillinac )

Comments

[thierrylehavre76]

Grand Merci mes Amis Rony, Gérard, Philippe, Pat et toi ma chère sooooooor pour tous vos beaux témoignages sur l'emblématique deudeuche...

Désolé d'y répondre si tardivement mais la connection Internet est des plus incertaine dans l'endroit ou je suis pour quelques jours... Ce matin, miracle, ça fonctionne... alors, hop, hop, hop... Vite, j'envoie...

M'enfin. !

[marguerite]

J'ai eu une deudeuche et c'était super pour la côte d'azur la moins chère des décapotable .par contre beaucoup moins grisant pour faire la route le havre saint raphael avec la planche sur le toit.Plus le mistral à partir d'Avignon,moment inoubliable,et un grand bonjour à vous tous les blogueurs.J'ai la joie d'avoir mon freeeeeere le percantoch près de moi .ah râlez pas chacun son tour!!!!!!!!!!!

[Pat.]

Mes copines en Ardenne belge s'en souviennent dès 1968 (mon permis)... toujours sympa surtout dans les descentes et les chemins forestiers ou de campagnes. J'en ai eu 3 également et la dernière je l'ai offerte à une école de carrosserie voici 10 ans...

Oui avec mes 2 cox ce furent des voitures marquantes d'une vie confiante,voir presqu'insouciante.

Bon dimanche à vous et à chacun...

Pat.

[lehavre76600]

je n'ai pas eu le plaisir de posséder une deudeuche....... mais comme l'ami GEDE, j'étais l'heureux "apprenti-pilote" d'une bonne vieille R8 qui elle aussi avait tendance, par temps de pluie sur les pavés, à vouloir faire passer l'arrière en premier dans les virages !!!.... que d'aventures !!!... :o

[GEDE]

La deudeuche qui vit mes débuts de conducteur est celle de mes parents. Et ils n'étaient pas toujours chaud pour me la confier, aussi, je n'ai pas beaucoup d'aventures. Mais elle m'a quand même chargé 6 copains et copines un soir de déboulade et je me souviens d'un tête à queue sur les pavés mouillés de la place de l'hôtel de ville, parfaitement maîtrisé, sous les yeux ébahis des passants.

Quand j'ai eu assez sous, je me suis acheté une R8 major, c'était autre chose, mais le moteur à l'arrière offrait lui aussi quelques possibilités de "fantaisies"