spiritualité...
Le retour à la religion a pris, ces dernières années, une dimension spectaculaire, parfois inquiétante. On pense d'abord aux pays musulmans. Mais tout indique que l'Occident n'est pas à l'abri du phénomène. Retour à la spiritualité ? On ne pourrait que s'en féliciter. Retour à la foi ? Ce ne serait pas un problème. Mais le dogmatisme revient avec, trop souvent, et l'obscurantisme, et l'intégrisme, et le fanatisme parfois. On aurait tort de leur abandonner le terrain. Le combat pour les Lumières continue, et c'est un combat pour la liberté. Un combat contre la religion ? Ce serait se tromper d'adversaire. Mais pour la tolérance, pour la laïcité, pour la liberté de croyance et d'incroyance. L'esprit n'appartient à personne. La liberté non plus. J'ai été élevé dans le christianisme. Je n'en garde ni amertume ni colère, bien au contraire. Je dois à cette religion, donc aussi à cette église ( en l'occurence la catholique ), une part essentielle de ce que je suis, ou de ce que j'essaie d'être. Ma morale, depuis mes années pieuses, n'a guère changé. Ma sensibilité non plus. Même ma façon d'être athée reste marquée par cette foi de mon enfance et de mon adolescence. Pourquoi devrais-je en avoir honte ? Pourquoi devrais-je, même, m'en étonner ? C'est mon histoire, ou plutôt c'est la nôtre. Que serait l'Occident sans le christianisme ? Être athée, ce n'est pas une raison pour être amnésique. J'ai horreur de l'obscurantisme, du fanatisme, de la superstition. Je n'aime pas davantage le nihilisme et la veulerie. La spiritualité est une chose trop importante pour qu'on l'abandonne aux fondamentalistes. La tolérance, un bien trop précieux pour qu'on la confonde avec l'indifférence ou la molesse. Rien ne serait pire que de nous laisser enfermer dans un face-à-face mortifère entre le fanatisme des uns et le nihilisme des autres. Mieux vaut les combattre tous, sans les confondre et sans tomber dans leurs travers respectifs. La laïcité est le nom de ce combat. Reste, pour les athées, à inventer la spiritualité qui va avec. Les athées n'ont pas moins d'esprit que les autres. Pourquoi s'intéresseraient-ils moins à la vie spirituelle ?