15 juin 2015
Un amas d'atomes...
Il songe aux années-lumière, aux nébuleuses, aux trous noirs, aux galaxies. Il fixe son regard sur une étoile à peine visible à l'oeil nu et qui est sans doute huit cents fois plus grosse que le Soleil. Il s'abandonne immobile, à la rotation de la Terre. Il songe aux milliards d'êtres humains que la nuit et les étoiles ont réconfortés, tous ceux qui taillaient des haches dans le silex ou l'obsidienne, tous ceux qui vivaient dans des huttes, tous ces couples de la préhistoire qui savaient que les planètes les regardaient, et puis les chasseurs, les marins, les pasteurs nomades, les villageois, les géographes portugais, les astronomes arabes, les poètes, les peintres. Il garde les yeux ouverts. Il voudrait qu'il n'y ait plus de différence entre ses yeux et le ciel. Il se déshabille. Il roule tout nu dans l'herbe tiède, il s'immobilise et se dit qu'il est un amas d'atomes. Son corps n'existe plus. Il devient un astre. Il brille comme un soleil nain à des années-lumière de sa propre vie. Libre et dégagé d'entraves, il va s'unir à la nature, aux feuilles pourpres des églantiers qui l'entourent, aux amas d'étoiles où il passerait inaperçu, à la chaleur de la terre.
( " Trois jours chez ma mère " de François Weyergans )
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