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fourtoulitterofilosoficopoeticomic
24 septembre 2016

on n'arrête pas le progrès...

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Jamais l’humanité, globalement, n’a aussi bien vécu qu’aujourd’hui. Ecrire cela, bien que ce soit démontrable, expose à un torrent de reproches. Les enquêtes d’opinion, en Occident surtout, témoignent d’un pessimisme généralisé : la plupart estiment que tout était mieux avant et que tout se dégrade, ce qui est inexact. Dans un ouvrage qui vient d’être publié en anglais (Progress, Oneworld Publications), un économiste suédois, Johan Norberg, propose une synthèse du progrès objectivement mesurable autour de dix critères : la faim, l’hygiène, l’espérance de vie, la pauvreté, la violence, l’environnement, l’éducation, la liberté, l’égalité, le travail des enfants. Tous les indicateurs sont positifs depuis que le progrès matériel a débuté, à la fin du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne : auparavant, le progrès n’existait pas du tout. Depuis son apparition, il ne cesse de s’accélérer. Si l’on s’en tient aux sujets les plus sensibles et les plus mal perçus comme la faim ou l’environnement, le contraste est saisissant entre le discours dominant et la réalité.

La famine, qui était l’état « normal » de l’humanité de la préhistoire aux années 1950, a disparu, sauf dans les zones de conflit : il subsiste des poches de malnutrition en Inde, en Afrique subsaharienne, en Chine occidentale, mais elles se résorbent. La planète, désormais, nourrit convenablement sept milliards d’habitants, sur des surfaces arables constantes voire en diminution, alors qu’en 1950, une population deux fois moindre ne parvenait pas à s’alimenter. Tous les scénarios catastrophiques ont été prouvés faux grâce aux innovations dans l’agriculture, la Révolution verte et les OGM en particulier.

Autre contradiction flagrante entre la perception et la réalité : l’environnement. Certains se souviennent que l’atmosphère dans les grandes villes européennes, Londres ou Paris, il y a cinquante ans, était aussi irrespirable que maintenant à Pékin et New Delhi. Et les grands fleuves européens, la Seine, la Tamise, l’Ebre ou le Rhin, étaient devenus des égouts ; on peut, aujourd’hui, y pêcher et s’y baigner. Le « trou » dans l’ozone qui nous menaçait d’un cancer de la peau ? Il est refermé. Ces progrès réels ont été obtenus grâce à des percées scientifiques, une meilleure gestion des ressources et un minimum d’intelligence politique. Il devrait en aller de même pour le peu que nous savons du réchauffement climatique.

La pauvreté ? Du premier homme jusqu’à la révolution industrielle, elle fut le sort ordinaire de 99% de l’humanité. Dans sa forme extrême, moins d’un Dollar de ressources par jour, elle n’atteint plus qu’un dixième de notre espèce, presque totalement situé en Afrique subsaharienne. La pauvreté a été vaincue par de bonnes politiques économiques, sauf dans les nations où ces politiques ne sont pas appliquées.

Le travail des enfants ? Au XIXe siècle, l’enfant à l’usine fut le cœur symbolique des critiques de la révolution industrielle et du capitalisme chez Karl Marx ou Charles Dickens, la preuve du caractère sauvage du développement. En réalité, dans les sociétés rurales pauvres, les enfants, de toute éternité, avaient travaillé par nécessité : mais on ne les voyait pas. Ce qui avec la révolution industrielle change, c’est que le travail des enfants devient visible et scandaleux : la novation n’est pas le travail des enfants, mais la protestation contre lui. Cette protestation mais aussi la mécanisation des tâches ont fait passer à peu près tous les enfants, même dans les pays pauvres, du champ et de l’usine à l’école.

On pourrait égrener les exemples comme l’a fait Johan Norberg, mais ils ne feraient que répéter la contradiction déjà soulignée entre réalité et perception. Comment comprendre ce contraste ? Une explication superficielle : les médias. Ils n’annoncent pas que les trains arrivent à l’heure ou que les avions décollent, mais seulement qu’un sur un million déraille ou s’écrase. Les médias dits sociaux, qui n’obéissent à aucune éthique journalistique, ajoutent des faux accidents pour augmenter le trafic sur leur site. C’est parce que le public en raffole : les premières gazettes, au XIXe siècle, furent consacrées aux crimes les plus horribles, pas au sort des gens normaux et surtout pas à son amélioration. L’espérance de vie, qui chaque jour augmente, ne fait pas une Une de la presse. Les conflits en Syrie et en Irak sont épouvantables, mais on ne va pas titrer qu’ils sont moins meurtriers que la guerre entre l’Iran et l’Irak, de 1979 à 1989, qui fit deux millions de victimes. La grande distorsion entre le progrès et sa perception ne peut pas être imputée à un auteur ni à une cause ; elle est probablement inscrite dans nos neurones tels que l’évolution nous les a légués. Le mythe de l’âge d’or, hier était mieux qu’aujourd’hui, est aussi ancien que l’humanité elle-même et se retrouve dans toutes les civilisations. L’étonnant est qu’il existe tout de même des progressistes, des illuminés, qui travaillent au progrès, le rendent possible en dépit du scepticisme général et des vents contraires. Ce progrès, qui bénéficie à tous, y compris à ceux qui le nient, n’est donc pas un acquis mais un combat, jamais gagné d’avance.

Guy Sorman

http://www.hebdo.ch/les-blogs/sorman-guy-le-futur-cest-tout-de-suite/narr%C3%AAte-pas-le-progr%C3%A8s

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Commentaires
T
Ci dessous le commentaire de mon ami Eric posté sur mon mur FB concernant le même article : <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Oui et non, comment trancher entre l'avis de Thierry et celui de Dégé ? C'est l'Homme moderne qui a cessé ces boucheries barbares (en Occident seulement) et c'est lui qui détruit la planète enfin réconciliée ?! pardon, la planète s'en remettra, lui, peut-être pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Eric Vallin
T
les guerres, les tranchées de 14/18, la Shoah, les bagnes, le Goulag, Hitler, Staline et ses purges, la Guillotine, l'Esclavage, les enfants dans les mines du Nord et du Pas de Calais, etc, etc, etc... <br /> <br /> n'en jetez plus ! <br /> <br /> Ah, c'était vachement bien, avant ! <br /> <br /> M'enfin ! <br /> <br /> Bonne fin de soirée en 2016, chère Annie !
A
Certes, aujourd'hui, tout n'est pas toujours idyllique, mais nos ancêtres n'ont pas rencontré que des anges : les jeux du cirque, les exécutions publiques... Il semble que la perversion ait toujours existé hélas.
T
bien vu, Annie, Jean Michel et Nicole... aussi imparfait que peut être le Présent, aussi inquiétant nous parait l'Avenir, ces deux entités sont du miel par rapport au Passé... tout du moins, c'est mon avis qui n'engage que moi...
J
Les gens comparent en général avec un passé proche et sur une très courte période. L'insouciance des années 70 j'imagine. Le plein emploi, pas de grosses inquiétudes sur l'avenir en général. Je me souviens de mon enfance et de la joie de vivre de mes parents. Rien ne les inquiétaient vraiment, et la plupart des gens étaient pareils. Et c'est vrai que dans bien des domaines c'était mieux avant. Je pense que l'auteur à raison toutefois, surtout dés qu'on élargis un peu moins égoïstement le champ de comparaison..
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