28 mai 2016
déléatur...
Claude et Jean, Claire et Luce, je ne crois pas les avoir nommés souvent au long de ces deux volumes. Je voudrais dire à leur sujet un de mes remords. Ah ! Il y en a bien d'autres que celui-là ! C'est d'avoir été un jeune père aussi indifférent que j'ai été à ces petites vies autour de moi dont je me déchargeais sur leur mère qui, elle, leur donnait chaque instant de ses jours et de ses nuits. Non que je ne les aie chéris et que je ne fusse inquiet de leur moindre malaise. Mais stupide écrivain pris par ses livres et par ce qui se passait au dedans de lui, je ne voyais pas la merveille qui naissait sous mon regard. Que donnerais-je aujourd'hui pour regarder vivre à tous les instants de leur vie ceux de mes petits-enfants qui sont encore des enfants... Mais quoi ! Sur ce chapitre-là, celui du père, comme sur tous les autres, je trace dans la marge le déléatur : la copie est à refaire décidément. Et elle ne peut pas être refaite : elle est écrite pour toujours : elle est cotée à jamais.
( " Nouveaux mémoires intérieurs " de François Mauriac )
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